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Titre du blog : LeTTrE à Ma MuSe
Auteur : petitpierre
Date de création : 10-07-2007
 
posté le 10-07-2007 à 21:11:59

La damnation des larmes

La damnation des larmes




Le flot de la vie s’écoule tel un cour d’eau dans ses jours les plus calme, lui il reste adossé à l’arbre écoutant son propre flot de mélodies, accompagnées par une vieille guitare. Il chante pour lui mais pour de multiples oreilles cachées de lui, comme pour ne pas le déranger. Ses gestes, précis, donne une couleur, un halo, une béatitude à la nature l’entourant. Sa voix, légèrement vieillie mais aussi belle qu’aux premiers jours, semble se disperser dans des rayons de soleil reposants. Fermant les yeux pour ne pas les affronter, il est plongé dans sa musique rythmant son cœur, son pied droit commandé par le tempo tape l’herbe fraîche. Son visage paraît absent, mais un sourire esquissé se porte témoin d’un état passionnel passager, tous ces sons entremêlés lui procurent une satisfaction semblant plus forte que tous ses ennuis, semblant autant forte que tout, en laissant dans une partie de sa conscience, toutes les rages, toutes les anxiétés, troublant cet homme fatigué de vivre. Plus loin, des anges l’accompagnent de leurs voix idylliques en se tournant fréquemment vers ce soleil rugissant, en tapant leurs mains si douces les unes contre les autres, au rythme du flot de ses paroles. Eux aussi sont en accord parfait avec ce cadre de bienfaisance, ils chantent comme jouissant d’un plaisir à peine réel, et donnent à sa musique des allures de sentiments fusionnels. Sentiments si propres, pensés tellement innocentes. Elles sont ses dernières armes pour vaincre tout. Pour éliminer toute trace de corruption de l’âme, pour donner à ce moment ultime, un plaisir plus grand que la foi qu’il a placé dans la mélodie de sa vie passée. Le petit garçon qu’il était bien des années auparavant, est proche de lui assis sur une percussion, et donnant à cette dernière des coups réguliers. Ce petit garçon regarde profondément le vieil homme, et lui souris tout en pleurant des larmes pesantes, tombant sur la peau de son instrument. Dans ces yeux, millions de fleurs se fanant unes par unes, et un éclat scintillant, du fait de la marée montante de toutes les émotions lui coupant sa chaleur, son amour de son image. Image d’un vieil homme perdu dans une musique triste. Sa voie emplit le cœur du garçon de détresse. Mais le temps lui manque et le garçon et les anges le savent très bien. Le vieux, lui qui semble si bien, en osmose avec tout ce qui l’entoure, ne se doute de rien. Il est inconscient du temps, de sa vie. Il est inconscient que ce qu’il vit maintenant sera comme une rose jetée dans sa tombe, froide mais si belle. Peut-être s’en fiche-t-il ? Il profite peut-être du temps lui filant entre ses dernière pensés futiles. Il semble rassuré comme s’il savait ce qu’il l’attendait, comme s’il n’avait juste qu’à ouvrir une porte et aller autre par, s’envoler en laissant tout derrière lui, fixant un horizon incertain. Le garçon comprend cela mais ne l’accepte pas, mais ne fait rien pour l’en empêcher, il reste immobile de sa stature, et continue à donner la musique berçant la fatigue du vieux adossé à son arbre, écoutant son flot de mélodies accompagné d’une vieille guitare. Le vieux s’est arrêté de jouer, et le garçon s’est approché de lui, prenant sa main rugueuse. La nature tout autour semble avoir perdu toutes ses couleurs et les anges sont tombés sur le sol jonché de feuilles mortes, inconscients à leur tour. La musique n’est plus et le vieux non plus…

Il est tard dans la nuit dans une chambre d’hôpital, un homme est en train de partir. Son visage est décontracté, il semble partir sans avoir à donner de sa personne. Il part dans le silence mais aura joué une dernière fois son amour de la vie, dans un rêve si beau, que le sourire sur son visage en aura été son témoin de cœur. Dans la chambre obscure, aux fenêtres ouvertes laissant entrer une légère brise, faisant danser les rideaux légers, la lueur opaque de la lune éclaire sa main semblant encore serrer une photo froissée de son petit fils. Soudainement, une dernière expiration emplit de buée sort de sa bouche, et le silence glacial et mortuaire de la chambre est chassé par la sonnerie de l’oscilloscope étant la dernière note de son requiem. La main desserre alors la photo qui se libère lentement de son étreinte, et tombe silencieusement au parterre, comme pour ne pas gâcher ce moment si solennel.